Les enfants du divorce
L’amour pour toujours… cela n’existe plus. C’est ce que pensent beaucoup d’individus que la vie a balayés de contingences matérielles, enchevêtrées à un individualisme forcené. Un couple marié sur trois, divorce. Ce n’est plus tabou. Et on en est parfois fier. Il est l’expédient d’une vie de couple qui ennuie, qui agace ou qui fait mal. On ne résiste plus à la tentation de s’en réchapper. On veut oublier que l’on s’était marié aussi « pour le pire ». Et dès qu’il arrive, la volonté d’être heureux, sans cesse et sans concession, prend le dessus. On ne se bat plus pour sauver son couple ; on se bat pour son développement personnel. La génération des divorcés l’a compris. Les enfants de cette génération l’ont subi. Désenchantés, ils n’y croient plus car ils sont convaincus que « les histoires d’amour finissent mal ». Alors, ils sont démunis, incapables d’aborder la relation intime et amoureuse à l’autre « normalement », simplement. Pourtant ils ne rêvent que d’une chose : d’amour. Un concept qu’ils fantasment, qu’ils déposent sur un piédestal inaccessible. Ils idéalisent l’amour parce que faisant partie de leur impossible à eux ; bloqué entre deux positions antagonistes : 1. la passion qui fait déplacer des montagnes, qui dure pour toute la vie et qui est infusée dans l’imaginaire collectif par le cinéma américain ; 2. le couple qui ne dure qu’un temps, qui fini par déchirer les coeurs et qui, par mimétisme, est répliqué d’un modèle parental fragilisé. Les divorcés font des divorcés… de l’amour. Trahis par leur propre désillusion, ils ne savent plus… comment… on s’aime.