Le sexe est triple : sexe anatomique (organe génital) + sexe psychique (cerveau) + sexe hormonal (orientation sexuelle). Être en capacité de réunir, dans notre vie sexuelle et amoureuse, ces trois variables, de façon harmonieuse et assumée, détermine notre épanouissement. Ce n’est pas chose aisée et parfois le challenge déclenche des états de mal-être (très généralement manifestés et entretenus par des réactions homophobiques souvent, mais pas que) et qui peuvent aller jusqu’à des solutions radicales, comme on peut le constater avec le phénomène transgenre entre autres. Le futur de l’amour, guidé par l’avancée des technologies et une philosophie renouvelée, laisse entrevoir un avenir brillant, libéré de toute frustration sexuelle. À l’ère numérique, allons-nous continuer à faire l’amour comme nous le faisons aujourd’hui ? On croit la révolution sexuelle déjà passée… Elle ne fait que commencer…
Place aux multiplicateurs de jouissance
On parle aujourd’hui de l’internet des objets et des objets connectés. Comme beaucoup d’autres objets, les sex toys ne seront pas exclus du mouvement. Reliés à nos smartphones, ils vont devenir un moyen de communiquer avec notre/nos partenaire(s) amoureux et/ou sexuel(s). Demain, nous pourrons tous devenir « sexonautes ». Outre le godemichet, nous allons voir apparaitre d’autres objets à usage sexuel ou affectif. Il suffira tout simplement de connecter des appendices perfectionnés à notre corps. La tendance sera tellement généralisée, que la sexualité solitaire ne sera plus vraiment honteuse. Adieu la frustration sexuelle. Nous entrons dans une démocratisation du plaisir. Les sous-vêtements deviendront mêmes haptiques, c’est-à-dire capables de simuler des sensations tactiles et thermiques, contrôlables par un partenaire à distance. « Loin des yeux, loin du coeur » ne voudra plus dire grand chose… L’avenir est à la fusion du corps et de la technologie. Grâce aux progrès des neurosciences, les casques orgasmiques feront leur apparition. Permettant de stimuler directement certaines zones du cerveau, ils seront en mesure de déclencher chimiquement un orgasme. Un homme pourrait demain ressentir l’intensité d’un orgasme féminin par la pensée. Et ce sera l’avènement de l’orgasme à la demande. Avec les dérives que cela entraine… S’il suffit d’appuyer sur un bouton, pourra-t-on devenir accro à l’orgasme ? Voire en mourir d’over-dose ? Il s’agira d’une nouvelle drogue à la mode, c’est certain.
(A)I love you !
De l’objet au robot, il n’y a qu’un pas… On a toujours prédit l’arrivée de robot à usage sexuel, des robots prostitués en somme. Mais l’amour est toujours vainqueur. Et on ne se contentera pas d’un rapport sexuel robotisé. Si les androïdes d’aujourd’hui ne sont pas encore très appétissants, demain ils seront intelligents, et tellement proches de la physionomie humaine, que l’on sera capable d’empathie à leur égard. En toute logique, nous nous prendrons d’affection pour des intelligences artificielles. On en tombera amoureux. Et comme dans une relation traditionnelle, elles nous manqueront quand elles seront loin de nous, nous nous disputerons avec elles, et… nous céderons à la jalousie si les termes exclusifs du contrat de la relation sont rompus par une tierce entité (humaine ou robotique). Dans le futur, on pourra tromper son ou sa partenaire humain(e) avec un robot… ou l’inverse. Et on pourrait même se faire larguer par un robot.
Bienvenue dans le « Cybersexe »
Agnès Giard, doctorante en anthropologie, explique que le sexe est un « processus psychique qui engage toutes nos forces mentales ». En effet, pour pénétrer notre sexualité, nous avons besoin de développer des fantasmes qui passent souvent par le visuel, des souvenirs, des scénarios. C’est important car c’est ce qui nous permet de « nous projeter dans une rêverie érotique ». L’univers du « Second-Life » sera le lieu de prédilection pour la libération des fantasmes et va venir nourrir toute la dimension psychologique de notre sexualité. Les réseaux sociaux sexuels vont se multiplier. Les plaisirs deviendront virtuels mais les émotions demeureront réelles. Demain, nous entrerons dans des cyber-espaces dédiés aux plaisir de la chair… de nos avatars. On fera l’amour pour de faux. Notre corps et notre esprit seront projetés dans l’internet du sexe. Mais si faire l’amour en ligne deviendra banal, le fantasme ne le sera jamais. Car la notion de fantasme va se transformer… radicalement. On pourra choisir notre identité, notre sexe, le cadre, l’ambiance, les pratiques et nos partenaires. Si vous êtes un homme, vous pourrez choisir d’avoir un avatar féminin, et de faire l’amour avec une araignée si vous le souhaitez. Absolument tout sera possible. Dans un monde où la douleur et la mort n’existent plus, les fantasmes n’auront plus de frontières. L’enjeu que cela soulève sera éthique : il nous faudra protéger notre santé psychologique…
Faire son coming out
Si nos cerveaux sont connectés via des médias virtualisés, ils deviendront lisibles des autres. Nous pourront accéder aux fantasmes des autres… et aux nôtres sans plus aucune barrière. Nous rencontrerons des fantasmes inconnus, inédits, profonds, voire morbides, sans contrôle, qui ne seront plus délimités par des normes morales ou des tabous sociaux. La barrière du monde physique étant brisée, la seule limite qui demeure : l’imagination. Et l’imagination n’a de limite que ce que l’on veut bien lui donner. Faire son coming out demain ne sera plus avouer son homosexualité mais ce sera avouer ses fantasmes. La pudeur ne résidera plus dans le nu physique mais dans le nu psychologique.
Les puristes du sexe normal
Si les fantasmes n’ont plus de limite dans la virtualité et si le plaisir est augmenté, amélioré grâce aux technologies, voudra-t-on toujours avoir un rapport sexuel normal, classique, « I.R.L. » (In Real Life), avec un autre être humain, dans nos plus simples appareils ? Va-t-on tourner le dos à notre dimension physique, corporelle ? Les aspérités du corps, les odeurs, la transpiration,…, ayant disparu dans le monde virtuel… arrivera-t-on à un dégoût du corps physique et nu de l’autre ? Peut-être. Mais on assistera en parallèle à une contre révolution sexuelle : une révolution de la chair. Une révolution menée par des humains… pour revenir aux sources. Ils seront les nudistes-puristes-naturalistes de demain. Ils chercheront à se reconnecter à leur humanité. Voire à une certaine forme de spiritualité réinventée. La connexion à l’autre via l’extase de la chair permettra d’atteindre un idéal, de toucher au divin.
Inspirations :
- [LIVRE] « La possibilité d’une île » de Michel Houellebecq
- [LIVRE] « Une rose au paradis » de René Barjavel
- [MAGAZINE] Usbek & Rica n°5 : Faire l’amour en 2050
- [FILM] « Minority Report » de Steven Spielberg
- [FILM] « HER » de Spike Jonze
- [FILM] « A.I. Intelligence Artificielle » de Steven Spielberg
- [FILM] « Ex machina » de Alex Garland
- [FILM] « Frequencies » de Darren Paul Fisher